Françoise Maisongrande

Métronomie











2013

Vidéo 16mn08.

La porte a une profonde signification humaine dans l’histoire, la religion et dans la fiction. Mais c’est aussi un organe de l’architecture, elle sépare l’espace, règle son fonctionnement. Elle est présente tout au long de notre vie quotidienne, instrument de chaque jour, point de passage. Elle fait coexister les contraires en évoquant tout à la fois passage et barrage, ouverture et fermeture, échange et rupture, elle peut protéger mais aussi séquestrer ou libérer. Elle est le symbole du passage d’un temps à un autre.
Au sein du centre de détention une porte, un carrefour qui voit défiler chaque jour une grande partie des détenus, des membres du personnel pénitentiaire, quelques intervenants extérieurs qui sont autorisés à aller jusqu’au cœur de ce lieu. Elle est ici cadrée en plan fixe, s’ouvre et se ferme sans discontinuer. Le cadrage est resserré sur les corps, l’attente, l’effort dans le geste, l’attention à l’autre, la cadence et ses ruptures. Car ici, on n’est pas maitre du passage, il est contraint par un surveillant hors cadre, ce qui introduit la notion de frontière. Tempo inconscient de cet espace, dont on devine la pénétration psychique sans fin. Il faut prendre et apprendre le temps d’attendre. Invitation à méditer sur la fuite du temps, la contrainte et la circulation.
Ils m’ont tous vu filmer sans rien changer à leurs habitudes, juste un petit sourire de temps en temps, quelques mots échangés pour savoir pourquoi.
En effet cette vidéo révèle la beauté du geste, de l’attitude dans la patience et l’attention, mais interroge aussi tout un chacun sur l’état de surveillance auquel on est soumis.

Cette vidéo peut être montrée sur grand écran ou de préférence sur écran type télé, placé un peu en hauteur comme un écran de surveillance, s’il est situé à proximité d’une porte ou d’un espace disposant de plusieurs portes.