« Des pieds qui se balancent au dessus du sol, suspendus au bout d’une corde ou lévitant...? Aucun indice supplémentaire n'est donné pour guider l'interprétation, inspirée par ce que l'on projette du contexte existentiel dans lequel le film est réalisé. Les images sont en réalité celles de détenus faisant des tractions, geste sportif ordinaire qui, dans ce lieu, exprime une volonté disciplinaire de préservation du corps, de soi, de lutte intérieure pour dépasser la rudesse du contexte. Ou peut-être l’enchaînement sans fin de gestes répétés pour contrecarrer l'obsédant déroulement de jours cloîtrés. » (Extrait J-R Meyer Fugues visuelles)

Les secondes, les minutes, les heures, les jours… la notion de temps habituellement absorbée par la linéarité de la détention retrouve un sens au travers du corps de chacun des détenus. Dans cet espace qu’ils ont choisi, loin des salles de sport, sans encadrement, un lieu un peu à l’écart, tous les jours ils se retrouvent, se relaient dans l’exercice physique.
Envie pour moi de capter, capturer, ce jeu de métronome, célébration du rythme, beauté du geste, négation des lois de l’apesanteur, chute et ascension, dérision et ironie. Calme maitrisé et à la fois violence faite au corps durant lequel, corps, espace et temps se retrouvent en suspension.

Cette vidéo doit être montrée à hauteur des yeux pour mieux défier l’apesanteur, et de façon à ce que les jambes soient à taille réelle.